Bulletin de vote, budget et carnet de chèques
Je cours bien sûr le risque d’être démenti. Imaginez que le nouveau Premier ministre nommé par Emmanuel Macron, obtienne du président l’abrogation de la réforme des retraites réclamée par la gauche et un retour immédiat de l’impôt sur la fortune. J’aurai alors eu tort d’écrire ce que vous allez lire. Et vous pourrez me le dire par retour de courriel.
Mon impression est néanmoins que l’affaire est pliée. Ce n’est pas le Nouveau Front Populaire qui (de justesse) a gagné les élections législatives anticipées voulues par Emmanuel Macron. Le vainqueur du scrutin se nomme Standard & Poors. Ou Moody’s. Ou Fitch. Au choix. Les trois agences de notation, silencieuses durant ces deux mois de tractations pour trouver le Premier ministre capable de ne pas être censuré d’office, sont en embuscade derrière les urnes. Ce sont elles qui vont dicter le projet de budget 2025 supposé atterrir le 1er octobre sur le bureau de l’Assemblée. La France, malgré le succès éclatant de ses Jeux olympiques et paralympiques, n’a pas de manœuvre financière. Pas question d’affoler les marchés à deux mois de l’élection présidentielle américaine.
Il paraît qu’Emmanuel Macron a fait un cauchemar: se retrouver dans la même situation que le Royaume-Uni, lorsque l’éphémère Première ministre Liz Truss promettait des baisses d’impôts massives aux riches, privant de ressources le budget national. Les créanciers de Londres avaient aussitôt tiré le signal d’alarme. Et les conservateurs, paniqués, avaient abdiqué.
Dans le cas de la France, c’est l’augmentation des dépenses si la gauche revenait au pouvoir qui affole l’Élysée. Attention au grand dérapage. Sauf que la moitié (au moins) des électeurs français ont voté pour plus de pouvoir d'achat et plus de services publics. Éternel dilemme du bulletin de vote et du carnet de chèques...
Que voulez-vous, il n’y a plus de sous! Bonne lecture!
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch) |
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| THIERRY BEAUDET, L'INCONNU |
Et hop: un nom inattendu survient dans le marathon présidentiel pour trouver le Premier ministre insubmersible. Thierry Beaudet est-il un candidat sérieux? |
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| LA FRANCE, VOISIN PÉNIBLE |
Emmanuel Macron l'a promis: il restera en fonction jusqu'à la fin de son second mandat. Mais dans quel état? Et avec quelles marges de manœuvre? |
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À quoi sert encore le Parti socialiste (PS) français? Les législatives l'ont relancé sur le plan électoral. Mais il est en réalité hanté par ses démons. Et ils sont nombreux. |
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La République citoyenne, alibi démocratique |
Certains préconisent le tirage au sort des élus pour réhabiliter la démocratie. D’autres, comme on le fait en Suisse, préfèrent le référendum et les votations, afin de pondérer le parlementarisme. En France, une autre République est, peut être, en train de se voir propulsée sur le devant de la scène: celle des Conventions citoyennes organisées par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). C’est à ces grands raouts, l’un sur le climat organisé entre octobre 2019 et juin 2020, puis celle sur la fin de vie, de décembre 2022 à avril 2023, que Thierry Beaudet doit de figurer sur l’ultime shortlist pour le poste de premier ministre. Une manière de prétendre réformer la vie démocratique. En consultant le peuple sans promettre de tenir compte de ses avis…
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On se doutait qu’Emmanuel Macron cherchait une échappatoire. Il l’avait tenté, après l’élection présidentielle, en lançant son Conseil national de la refondation (CNR) rapidement transformé en chambre d’enregistrement des plaintes (connues) et des solutions (connues) exprimées et expérimentées sur le terrain, dans les écoles, les hôpitaux, les collectivités locales. Voilà donc Jupiter redevenu l’apôtre du Grand débat national initié après la crise des gilets jaunes? Gare à l'alibi démocratique.
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| Sur LCI, le temps de l'info |
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| Sur France Culture, la Suisse questionnée |
Une crise politique comme celle que connaît la France serait-elle possible en Suisse? Et si le parlementarisme helvétique était un modèle pour la Ve République. Blick a répondu. |
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| Sur Arte, 28 minutes incontournable |
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| LE COMPROMIS, UNE URGENCE FRANÇAISE |
Et si la solution aux problèmes politiques de ce pays si révolutionnaire qu'est la France se trouvait à portée de main? Ou plutôt à portée d’expériences concrètes, déjà menées sur le terrain, mais dont les décideurs se soucient trop peu? Telle est l’impression que donne la lecture, recommandée, de l’essai coécrit par le sociologue Jean Viard et l’ex-patron du syndicat CDFT Laurent Berger. Son titre? «Pour une société du compromis» (Ed. de l’Aube). Il dit tout. «S’il ne peut y avoir de compromis sur les valeurs, il doit y en avoir sur la construction de la société», écrivent à juste titre les deux auteurs. Un plaidoyer pour le réformisme patient et collectif, plutôt que pour la confrontation permanente.
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Le hasard du calendrier fait que je termine cette chronique au festival de Morges, «Le livre sur les quais», qui réunit chaque année une brochette d’écrivains de la rentrée littéraire. J’y ai parlé de la France, de la difficulté à se sortir de sa crise politique engendrée par les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, et de l’appel lancé par Emmanuel Macron à une «coalition du possible», allant du centre gauche à la droite traditionnelle. Or, à chaque fois, la même question est revenue dans la bouche de mes interlocuteurs: «Pensez-vous que les Français sont capables de compromis?» Ou, en version plus sévère: «De toute façon, l’idée de faire des concessions dans l’intérêt général du pays n’est pas dans l’ADN des forces politiques françaises.»
Désespérer de la France Pascal Ory ne prend pas de gants. Il peut se le permettre, en universitaire respecté et en tant que membre de l’Académie.
Fin de partie? Faut-il donc désespérer de la France, condamnée à être fracturée et à vivre comme un archipel, pour reprendre la formule du sociologue Jérôme Fourquet? Non, répondent Jean Viard et Laurent Berger. «Le véritable sujet, écrivent-ils, est de donner une impulsion à la démocratie, de la mettre en mouvement. On le voit bien: les organisations qui fonctionnent sont celles qui ne sont pas statiques, grâce notamment à la capacité d’animation liée à la participation de tous.»
La force de ce petit livre, dont le sociologue (très médiatique) Jean Viard est aussi l’éditeur, est qu’il ne s’attarde pas sur les concepts. Il s’intéresse à ce qui marche. Ce qui fonctionne. Or beaucoup de choses fonctionnent en France. «Je fais l’expérience, à l’échelle d’une entreprise, que la conjugaison d’une volonté politique clairement exprimée, de moyens concrets dédiés à la révolution écologique et sociétale, et enfin de l’ambition d’embarquer les élus comme les salariés du groupe, sont les clés du succès», note Laurent Berger, qui fut un temps cité comme «premier ministrable»....
La suite sur Blick: Le compromis, cette notion que les Français doivent apprendre À lire: «Pour une société de compromis…» Laurent Berger et Jean Viard (Ed. de l’Aube) |
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