Je vous écris cette newsletter en regardant la mer à marée basse. A Saint-Malo, le festival «Etonnants voyageurs» s'est achevé comme chaque année le lundi de Pentecôte, sur un sacré succès populaire et littéraire.

La newsletter qui bouscule la France par Richard Werly

 

Barbares et voyageurs

Je vous écris cette newsletter en regardant la mer à marée basse. A Saint-Malo, le festival «Etonnants Voyageurs» s'est achevé comme chaque année le lundi de Pentecôte, sur un sacré succès populaire et littéraire. Au rendez-vous? Une foule de lecteurs francophones (avec sa part de Suisses et de Belges) estomaqués par l'allure de la France et du monde. Une foule curieuse, inquiète du chaos qui gronde, et abasourdie par l'audace et la force des puissances du repli national, dans le grand chamboule-tout mondial version Donald Trump.

J'ai testé auprès de ce public amateur de récits littéraires, d'aventures et d'épopées lointaines, le mot utilisé par le ministre français de l'Intérieur après la nuit de violences urbaines consécutive à la victoire européenne du PSG, samedi 30 mai. Bruno Retailleau a parlé des «délinquants et des barbares» qu'il promet de «frapper au portefeuille». Et après? Qui a engendré cette nouvelle «barbarie», sinon la République, asphyxiée entre promesses non tenues et épidémie d'incivilités? Qui se retrouve prisonnier de cette surenchère verbale et sociétale, sinon le pays lui-même? Familier de Saint-Malo et passionné par la Suisse, l'académicien Pascal Ory a encore redit, dans la cité corsaire, que la France est «la démocratie libérale la plus autoritaire d'Europe». Et si ce libéralisme et cet autoritarisme n'étaient plus compatibles?

La chasse aux «barbares», aussi faciles à accuser que compliqués à définir, est le carburant parfait pour le national-populisme version Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Problème: la guerre de leurs ambitions est déjà déclarée. Elle s'est confirmée ce lundi près de Montargis, en France, lors du grand meeting national-populiste européen. A chacun son «barbare»...

Bonne lecture, en barbarie!

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

 

Le top 3

 

Alerte à Monaco, ce paradis fiscal qui a remplacé la Suisse

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Podcast

 

Mur budgétaire et politique: pourquoi la France est incapable de dépenser moins?

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Top ou flop?

 

TOP

France du réel, France du polar

80 ans: c'est l'âge de la «Série noire» des éditions Gallimard. Au festival «Etonnants Voyageurs» de Saint-Malo, une table-ronde y était consacrée. 80 ans d'intrigues policières, de meurtres, de flics perdus ou héroïques, souvent lâchés par leur hiérarchie et en rupture de ban. 80 ans, surtout, de textes forgés dans la matrice du réel. Je pense à «Henua», le dernier roman noir de Marin Ledun, où l'enquêteur révèle l'enfer de ce paradis naturel que sont les îles Marquises, dans la lointaine Polynésie française.

Le polar est le genre qui échappe aujourd'hui le plus aux diktats éditoriaux. Les essais sont (souvent) tributaires de l'air du temps. Les enquêtes et les récits d'investigations butent (parfois) sur le manque de moyens et de motivation des éditeurs. Les reportages au long cours trébuchent sur la culture ambiante du repli national.

Le polar? Nul aujourd'hui ne permet mieux de casser les codes, de soulever le voile sur les zones d'ombres, de réhabiliter les réalités dissimulées. «Bleus, blancs, rouges», de Benjamin Dierstein (Ed. Flammarion) déshabille jusqu'au sang la France giscardienne, entre guerre des polices et affaires politiques. La France du polar est celle qui nous passionne. Parce qu'elle nous fait mal. Parce qu'elle est rebelle. Parce qu'elle est «grise» et meurtrière, comme le méchant brouillard de notre époque.

 

Ça tourne

 

SUR  T18, PREMIER NUMERO DE «POUR TOUT DIRE»

Blick était sur le plateau du nouveau talk-show de T18, dernière née des chaines françaises.

SUR COURRIER INTERNATIONAL, LA SUISSE, LA FRANCE ET LA FIN DE VIE

Un entretien vidéo sur le débat du suicide assisté, signé Blick. 

SUR PUBLIC SENAT, L'EUROPE FACE AUX POPULISTES 

Avec le regard suisse de Blick pour scanner le Parlement européen, sous la conduite de Thomas Hugues.

 

Un livre, un débat

 

Andrei Kourkov, notre guerre

La guerre en Ukraine est notre guerre. Ou elle l'est devenue. Lire et écouter Andrei Kourkov, à Saint-Malo, nous a permis de nous en convaincre encore plus. Donald Trump, de l'autre côté de l'Atlantique, peut imaginer se désengager et abandonner les 40 millions d'Ukrainiens suspendus aux livraisons d'armes américaines. Mais pas l'Europe. Elle est allée trop loin. Elle a trop promis. «Les Européens comprennent maintenant ce que cela signifie d'être abandonné», nous a redit l'écrivain, publié par les éditions Noir sur Blanc de Vera Michalski. Et d'asséner cette phrase qui permet (presque) de tout comprendre: «Nous payons cher le prix d'une différence de mentalité: pour nos voisins et cousins russes, la stabilité est plus importante que la liberté. Le génie criminel de Poutine est de l'avoir compris. Les Russes ont renoncé à leurs libertés pour vivre dans une société stable, pour être passifs, pour se voir promettre des salaires et des revenus élevés. En Ukraine, parce que notre pays n'a jamais été stable, la liberté est plus importante que la stabilité. Nous ne vivons pas sur la même planète.»

Andrei Kourkov a pénétré notre imaginaire avec son pingouin. Un animal adopté par son antihéros, Victor Zolotarev, au zoo de Kiev en faillite, bien avant la guerre totale déclenchée le 24 février 2022. «Il songea que c’était une drôle d’époque pour un enfant, un drôle de pays, une drôle d’existence, qu’on n’avait pas même envie de chercher à comprendre; juste survivre, pas plus», lit-on dans le roman. La vie, depuis, n'a fait que confirmer ses dires.

«Notre guerre quotidienne»
Andreï Kourkov (Ed. Noir sur Blanc)

 
 

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