La newsletter qui bouscule la France par Richard Werly

Paris à l'heure des meutes

Jouer sur les mots est facile. L'actualité sportive et éditoriale me sert. Je voulais vous parler, cette semaine, de l'essai percutant – et déjà best-seller – consacré à cette «meute» qu'est La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, selon un best-seller tout juste publié. Or voilà qu'une autre meute, forte de dizaines de milliers de fans, a déferlé sur Paris ce week-end, après la victoire écrasante du PSG en coupe d'Europe face à l'Inter Milan du gardien suisse Yann Sommer. Paris à l'heure des meutes: cela correspond assez bien, au fond, à la réalité.

Je reviens à la fin de cette newsletter sur «la meute» mélenchoniste. Mais avouez que tout cela est lié. D'un côté, l'éloge d'une France du luxe incarnée, sur les Champs-Elysées, par les devantures des géants du secteur, à commencer par celles du groupe LVMH de Bernard Arnault. De l'autre, un mouvement politique enraciné dans les quartiers populaires et dans les banlieues qui dénonce – à juste titre – les inégalités sociales et s'en prend systématiquement aux «riches», bons pour le fisc et la vindicte publique. Avouez, aussi, que le Paris Saint-Germain lui-même incarne cet esprit de «meute»: ses «ultras» sont parmi les supporters les plus violents des stades. Son propriétaire qatari sponsorise les Frères musulmans à l'échelle mondiale. J'ai besoin de vous faire un dessin?

Paris vit à l'heure des meutes parce que le goût du bien commun y a disparu. La maire socialiste Anne Hidalgo, qui se croit déjà arrivée à la tête du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (basé à Genève), a passé ses deux mandats à servir certaines catégories sociales, poussant les familles et les commerces de proximité hors de la capitale, et misant tout sur le tourisme et l'écologie urbaine. Je m'arrête là.

Oui, Paris à l'heure des meutes. Comme la France. Pas étonnant que cela explose régulièrement. L'enfer, ici, est à la porte du paradis.

Bonne lecture, avec ou sans les loups!

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

Paris, paradis du foot après la victoire éclatante du Paris Saint-Germain en coupe d'Europe samedi soir? Oui. mais vu de l'étranger, c'est surtout les violences sur les Champs-Elysées qui retiennent l'attention. L'avenue du luxe est-elle fréquentable?

L'épouse d'Emmanuel Macron est depuis des années la cible des complotistes de tous bords. L'incident survenu dans l'avion présidentiel au Vietnam a relançé la folle machine aux rumeurs. Mais pourquoi un tel silence ?

Le Parti socialiste français entame, avec une première élection ce mardi 27 mai, le renouvellement de ses instances. Il élira le 5 juin son nouveau Premier secrétaire. Son actuel patron, Olivier Faure, pourrait être battu. Mais ses malheurs sont loin d'être terminés.

Vous aimez Paris? Allez, avouez: la capitale française déçoit rarement ceux qui la visitent. Aussi chaotique et mal entretenue soit-elle. D'ailleurs, est-ce bien le cas? Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre podcast «Helvetix Café».

La méthode Trump ne marche pas. En tout cas pas en France. Logique. Les deux Républiques, on le sait, n'ont pas du tout le même rapport à l'argent et au capitalisme. J'écris cela parce qu'Emmanuel Macron a tout de même bien fait le job. Le voici revenu d'une tournée présidentielle en Asie du Sud-Est avec une moisson de contrats. Des dizaines de milliards d'euros arrachés à la concurrence internationale dans des pays émergents courtisés comme le Vietnam, l'Indonésie ou Singapour. Seulement voilà: une présumée baffe dans l'avion présidentiel, à l'arrivée à Hanoï, a tout fait dérailler. La thérapie de couple a remplacé, sur les réseaux sociaux, le suivi des affaires économiques...

La France a pourtant besoin d'argent. Beaucoup. Pour rembourser sa dette publique qui grimpe en flèche. Pour permettre aux entreprises, plombées par la stagnation économique, de remonter la tête. Mais qu'importe: dans les médias audiovisuels français surtout (je le sais pour les fréquenter un peu, donc vous pouvez aussi me critiquer), l'éloge (ou la détestation) de Trump, ou le suivi de l'affrontement entre l'Ukraine et la Russie valent mieux qu'une tournée réussie du président de la République.

La vérité? Même s'il rapporte gros et jouit d'une bonne image internationale, Macron reste plombé par ses ambitions qui ne se matérialisent pas. La puissance européenne qu'il défend peine à se concrétiser. La puissance «d'équilibre» qu'il veut incarner ne pèse rien, ou presque, face aux Etats-Unis et à la Chine en Indopacifique. Il peine à peser sur le monde et à incarner la France.

Au pays de l'austère et mythique Charles de Gaulle, rapporter gros ne suffira jamais.

Rien de tel que le regard des correspondants étrangers, chaque vendredi, autour d'Anais Bouton. Avec Blick.

Débrief de l'actualité de la semaine avec Myriam Encaoua, Laurent Joffrin et Blick. 

Une intervention consacrée à la menace de la Chine sur Taïwan. Avec Blick en mode géopolitique.

Un parti politique fonctionne-t-il comme une secte dévouée à son leader? A priori non. Sauf pour La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, ainsi décrite par les journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou dans «La meute» (Ed. Flammarion). Leur thèse? «Ce mouvement mal connu, fermé, aux secrets bien gardés» est une «nébuleuse au fonctionnement obscur». Une organisation au sein de laquelle «la fin justifie souvent les moyens, où la question centrale est celle de la fidélité absolue, sans faille, au mouvement et au leader, pour le bien de l'action et de l'efficacité».

Pas besoin d'aller plus loin, cette enquête est à charge, en pleine polémique sur le soutien de LFI aux Gazaouis. Et l'on se dit, au fil des révélations contenues dans le livre sur les pratiques en vigueur à LFI, que c'est sans doute la seule manière d'approcher la vérité. Une déception de taille en revanche: pas grand-chose sur les raisons politiques qui ont conduit Jean-Luc Mélenchon à rater de peu (moins de 500'000 voix) le second tour de la présidentielle 2022. Rien sur le programme plutôt bien construit, et vraiment de gauche, défendu par le mouvement pour cette échéance. La thèse du livre: tout n'est que manipulation et talent de tribun. Un peu facile, non?

La force du livre est de nous raconter, en mode dénonciation, l'extraordinaire lucidité politique de Jean-Luc Mélenchon. Sa fine connaissance des rouages du pouvoir. Son cynisme implacable, lorsqu'il s'agit de violenter l'ordre républicain, avant de s'abriter derrière. Tout cela, hérité de ses années de militant trotskyste. Pour cet homme, seuls comptent le pouvoir et sa conquête. Sa «meute» n'est pas conçue pour gouverner, mais pour déstabiliser, puis l'emporter.

«La Meute. Enquête sur la France insoumise»
Charlotte Belaïch et Olivier Pérou (Ed. Flammarion)

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