La newsletter qui bouscule la France par Richard Werly

Maladie présidentielle, Maladie française

Impossible, donc, de trouver le remède. Revoici la République en pleine crise de «présidentialité» aigüe. Qu'importe le calendrier et l'année et demie qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle, en mai 2027.

La course à l'Elysée bat déjà son plein, en mode course de petits chevaux. Edouard Philippe, casaque bleu clair, en libéral de droite. Bruno Retailleau, casaque bleu foncé, en défenseur de l'ordre et de la sécurité. Gabriel Attal en casaque rose d'ex-socialiste reconverti au centre-droit. Marine Le Pen et Jordan Bardella en casaque noir national-populiste. Et Jean-Luc Mélenchon en casaque rouge vif, prêt à écarter de son ultime chemin présidentiel tous ceux qui n'adhèrent pas à sa «meute» de la France Insoumise.

Vous me direz que j'oublie François Bayrou, le Premier ministre français qui s'efforce d'exister au centre, et l'éventuelle irruption d'un candidat socialiste qui pourrait bien être François Hollande, en réincarnation du «président normal». A vrai dire, la liste est même plus longue puisque le magazine économique «Challenge» vient de consacrer sa Une à l'homme d'affaires Michel-Edouard Leclerc sous le titre «Et si c'était lui?» Pendant que Cyril Hanouna, malgré ses démentis, fait saliver tous ses fanzouses...

Et le reste? Les finances publiques à remettre d'aplomb, la question de l'entrisme des «Frères musulmans» dans la communauté musulmane, l'ampleur du narcotrafic contre lequel une loi vient d'être votée? Tous ces dossiers, c'est évident, se retrouvent pris en otage. L'heure est déjà aux promesses électorales. A chacun sa cible, son public, son créneau en matières d'engagements qui – souvent – ne seront pas tenus.

On sait que la France souffre de sa présidentielle. Les diagnostics l'ont souvent montré. La preuve est à nouveau faite en ce printemps 2025: la maladie est incurable.

Bonne lecture, sans quitter le pouvoir!

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

En direct de Hanoï, au Vietnam, le président français est ce lundi 26 mai monté au front pour dénoncer les campagnes sur les réseaux sociaux qui l'accusent d'être drogué, ou battu par son épouse Brigitte. Sa réponse ? Ses détracteurs ont «du caramel dans la tête».

Un rapport documenté par les services de renseignement français sur l'influence des Frères musulmans dans le pays vient d'être rendu au ministre de l'Intérieur. Il est édifiant. La République est-elle prise en otage?

Le rapport du Sénat Français sur les eaux en bouteille accuse le géant suisse Nestlé d'avoir eu recours à des techniques de filtration interdites. Avec, en coulisses, l'appui tacite d'Emmanuel Macron, très proche de l'ancien PDG Peter Brabeck.

Le rapport sur l'entrisme des Frères musulmans repose la question débattue à notre comptoir de l'Helvétix Café. Les musulmans posent-ils plus de problèmes en France qu'en Suisse? Réponse dans le podcast de Blick qui décrypte le pays d'Astérix.

J'ai cherché en vain. Je me suis replongé, depuis la publication du rapport sur l'entrisme des Frères musulmans en France, dans mes archives sur l'islam et la République. Or, je n'ai rien trouvé qui me permette, au-delà des faits divers et des chroniques consécutives aux attentats, de me faire une idée juste de la France des mosquées. A en croire le document rendu public (en version expurgée) par le ministère de l'Intérieur, 139 mosquées sont aujourd'hui sous l'emprise de la nébuleuse fondamentaliste. 139 sur près de 2600 lieux de culte musulmans. A quoi ressemble cette France-là, celle des 95% des mosquées que les Frères musulmans, fort heureusement, ne contrôlent pas?

J'écris ces lignes alors que je retombe, dans la pile d'articles que je sélectionne chaque semaine pour Républick, sur une série de reportages consacrés à la France des bistrots en voie de disparition. Rien à voir, me direz-vous. Juste. Rien à voir. Mais pourquoi cette absence de l'islam au quotidien dans les médias français? Est-ce, comme je l'ai entendu sur un plateau TV, le résultat de la «loi du silence» imposée par les salafistes à tous les fidèles?

La France des mosquées existe. Elle est aussi victime du terrorisme, comme l'a montré le meurtre, le 5 mai 2025, d'un fidèle malien, Aboubakar Cissé, alors qu'il priait dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard). Bruno Retailleau, alors, n'avait pas jugé bon de se déplacer sur les lieux immédiatement. On connait la suite. L'un des carburants les plus sûrs du recrutement islamiste, démontré dans le rapport consacré aux Frères musulmans, demeure l'humiliation et le sentiment de discrimination.

La France des bistrots qui se meurt est un vrai sujet de société.
La France des mosquées qui se mure l'est tout autant.

Emission présentée par Renaud Dely, avec Aysegul Sert et Gilles Gressani, du Grand Continent. Blick les accompagnait.

Moustache oblige, voilà Blick gratifié de la musique des «Brigades du Tigre»!

Une thématique décortiquée par le formidable Philippe Meyer et ses invités, dont Blick.

Il arrive, admettons-le, que les livres d'anciens ambassadeurs soient un peu ennuyeux. Mais celui-là, croyez-moi, n'entre pas du tout dans cette catégorie! Logique. «Pologne, histoire d'une ambition» (Ed. Tallandier) n'est pas du tout la somme des souvenirs de Pierre Bulher lorsqu'il représentait la France à Varsovie. C'est un livre géopolitique dans le bon sens du terme que nous offre ce diplomate, fin décrypteur de la puissance des Etats... ou de leur impuissance.

La Pologne est un pays dont le destin politique rime, ces jours-ci, avec celui de l'Union européenne (UE). Ce 1er juin, les Polonais éliront leur président de la République au suffrage universel. Le face à face? Un historien conservateur et réactionnaire, très critique de l'UE, face au maire de la capitale, aligné sur le gouvernement de coalition pro-européen dirigé par Donald Tusk. Deux Pologne.

Mais surtout, à travers ces deux hommes, le portrait d'un pays qui, selon les mots justes de Pierre Buhler, «n'est stable qu'en apparence, car il est le théâtre d'une transformation en profondeur, autour de trois lignes de fuite. La première consiste en un retour plein et entier dans le giron européen. La seconde a trait à un réveil des spectres du passé. La dernière ligne de fuite est la vocation de la Pologne à être la nouvelle clef de voute de la sécurité de l'Europe».

Pédagogique, nourri aux meilleures sources et ouvert sur l'avenir, à savoir la délicate relation de la Pologne avec les Etats-Unis. A lire avant le 1er juin pour comprendre «le moment polonais». Et après le 1er juin, pour se faire une idée de ce qui pourrait bien suivre.

«Pologne, histoire d'une ambition – Comprendre le moment polonais»
Pierre Buhler (Ed. Tallandier)

Merci de me lire! Vous aimez cette newsletter? N'hésitez pas
à la recommander à vos contacts.