La newsletter qui bouscule la France par Richard Werly

Bolloré, la paix et l'histoire

J'ai toujours pensé que Vincent Bolloré méritait bien mieux que son portrait caricatural de magnat de la presse résolu à installer au pouvoir en France Marine Le Pen (ce qui n'est pas impensable) ou Eric Zemmour (là, on en est loin). Pourquoi? Parce que je ne vois pas en quoi ce financier milliardaire breton, familier des coulisses impitoyables du monde de l'argent et du pouvoir, trouverait un quelconque avantage à faire de son pays une succursale trumpiste ou poutiniste.

J'ai vu, à Ouistreham (Calvados), le mémorial du commando Kieffer, ce bataillon de combattants de la France libre qui débarqua le 6 juin 1944 avec les alliés, dont faisait partie Gwenn-Aël Bolloré, l'un de ses oncles. La résistance et la démocratie ne veulent donc plus dire la même chose pour ce magnat de 72 ans, dont les employés vedettes Pascal Praud et Cyril Hanouna - drapés dans la défense de la liberté d'expression -  bataillent contre les velléités de défense européenne de Macron, l'accusent de conduire la France à la guerre, et applaudissent Trump (sans réserve) et Poutine (face à Zelensky)?

J'aimerais comprendre. Car quand je lis, écoute, et regarde les médias possédés par Vincent Bolloré, la coupe est pleine. Macron sera bientôt, à ce rythme-là, responsable d'un troisième conflit mondial! Je pose donc la question avec le plus de neutralité (helvétique) possible: cher monsieur Bolloré, pensez-vous que l'imprévisibilité de Donald Trump, la tronçonneuse d'Elon Musk et l'impérialisme de Vladimir Poutine soient bons pour la France et les Français? Si vous répondez oui, je suis (très) preneur de vos arguments.

Bonne lecture, sur la ligne Siegfried!

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

Cette newsletter vous plaît? Votre avis nous intéresse! Répondez à ce sondage et tentez de remporter 4x1 bon QoQa d’une valeur de CHF 50.-!

Une dissuasion nucléaire européenne, c'est possible? Le président français a annoncé le 5 mars vouloir ouvrir ce débat stratégique. Il l'a répété à Bruxelles, au sommet européen sur la défense. Crédible?

Le président russe s'était bien gardé, ces jours-ci, de commenter directement les échanges entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Il a revanche riposté aux attaques d'Emmanuel Macron. En évoquant Napoléon et la retraite de Russie.

Le président français est intervenu à la télévision à la veille du sommet européen extraordinaire à Bruxelles. Oui, la France et l'Europe sont menacées par la Russie. Et oui, il n'est plus possible de compter sur l'allié américain. Un appel au courage.

Impossible de dépenser plus d'argent pour produire et acheter des armes sans rogner sur d'autres budgets. En France, le débat est houleux. Les dépenses sociales et culturelles sont visées. Et en Suisse? Un épisode qui cogne de notre podcast Helvetix Café. Repos!

J'ai rencontré plusieurs fois Claude Malhuret, dont je connais bien le terroir électoral de l'Allier, dans le centre de la France. Je l'ai sillonné pour l'écriture de «La France contre elle-même», mon enquête de 2022 (Ed. Grasset) sur les fractures de la France comparées à celles de la ligne de démarcation pour laquelle ce département jouait un rôle essentiel, puisqu'il abritait Vichy, la capitale du Maréchal Pétain et la ville dont le sénateur fut maire.

Je vous parle de cet élu peu connu en Suisse parce qu'il occupe ces jours-ci le premier rang dans le monde de Trump. Le voici tête de gondole des réseaux sociaux américains avec la vidéo de son discours du 5 mars dans laquelle il compare le président des Etats-Unis à Néron, et son milliardaire favori à un «bouffon sous kétamine».

Malhuret, le «droit de l'hommiste» (il fut président de Médecins sans Frontières), a deux vertus sur notre planète républicaine parfois déréglée. La première est qu'il réhabilite la parole parlementaire ciselée et assassine, avec comparaisons historiques à la clef. Ce qui change des deux cents mots de Trump.

La seconde est qu'il démontre, dans ses interventions, que le fameux «bon sens» peut s'accompagner d'un solide sens critique.

Ce qui, avouez-le, ne peut pas faire de mal.

Sauf que la guerre continue et qu'on en a parlé autour de Renaud Blanc, après le sommet européen de Bruxelles, où Blick se trouvait.

Peut-on croire les pays voisins de la Suisse lorsqu'ils parlent de défense commune? Blick a répondu depuis l'atrium du bâtiment Juste Lipse, à Bruxelles.

Blick a répondu aux questions de Silvia Garcia  sur le désordre mondial, avec Frédéric Koller, du Temps.

Tour d'horizon économique et géopolitique avec Blick pour Guillaume Paul et ses «experts sans frontières».

Vous connaissez peut-être la chanson de Serge Reggiani, «Les loups sont entrés dans Paris»? Si la réponse est non, cliquez ici, tout de suite. Formidable épopée de cette «nuit de fer et de sang» qui vit des loups (en uniforme vert de gris) entrer dans le Paris de 1940. Mais c'est d'autres loups dont je veux vous parler ici. Des loups suisses. Des loups valaisans. Des loups traqués sans relâche, pendant plusieurs mois, par mon ami Guy Mettan, embarqués avec les garde-faune de son canton pour «La veille sauvage» (Ed Slatkine).

Je me suis plongé dans ce beau livre avec bonheur. Tout y est. Le récit de vie des gardes-faune, les paysages somptueux du Valais, l'attente (surtout) qui seule permet d'entrevoir la faune alpine: chamois, bouquetins, marmottes, grands-ducs, et bien sûr les loups, ces rois-prédateurs. C'est une passionnante tranche de vie helvétique, à la fois ordinaire et extraordinaire que nous propose l'auteur, qui a tout partagé avec les gardes-faune, y compris leur table bien garnie. «On s'engage sur des petites routes agricoles avant de crapahuter sur d'étroits chemins forestiers dont les ornières nous projettent d'un côté à l'autre du véhicule...», raconte Guy Mettan, intrépide chercheur d'aventures humaines.

Les loups sont entrés en Valais… mais ils manquent dans ce livre dont ils auraient dû être les seigneurs. Trop peu d'images et quelquefois (ce sera ma seule critique) des photographies trop ordinaires, compte tenu de la magie des lieux. Guy Mettan est un enchanteur lorsqu'il nous parle de ce canton auquel il avait voici peu consacré un joli petit livre « La République des glaciers» (Ed Nevicata). Et maintenant que je lui ai décerné tous ces compliments, je vais pouvoir le confronter avec bonheur et amitié sur tout le reste: de l'UDC genevoise à son soutien à Vladimir Poutine!

«La veille sauvage»
Guy Mettan (Ed. Slatkine)

Merci de me lire! Vous aimez cette newsletter? N'hésitez pas
à la recommander à vos contacts.